Sauf parfois
Sauf parfois

PalmatiLOLé

Douce fin d’après-midi encore chaude.
Terrasse, un verre de Navarre, mi-ombre.

Mève me voie, se lève. Vient, semblant chercher, arqueboutée sur ma table elle scrute l’intérieur du café.
“ J’attends une amie, à la gare 19 h 32 .“
Il est 20 heures.
“ Je n’ai pas vu d’incident sur le trajet. “
Elle retourne à sa table, emmêlée dans ses membres, regards circulaires, tente d’entrer dans les documents qu’elle feind de relire.

Les touristes blondes, dans leur cockney, déballent leurs emplettes sur cette place populaire. Indécence de culture. Jupes courtes, jambes écartées, LOL, retape estivale.

Mève cherche son fil, ferme son dossier, toujours agitée. Oublie son sac, ses cigarettes. Demi-tour, mélangée. Elle s’efface, membres en vrac.

Les blondes en impasse, plus rien à déballer, pas vu un regard, pas un mâle.

Mève, nouveau passage avec un pain, extrémités emmélées. Cherche son amie. Entre dans le bar, ressort.
Un vélo ? Évaporation.

Le guide des blondes est nul, pas de mec. Alors, parlent chiffon. Crossed the Channel for nothing.

Mève est tremblante. Regards perdus. J’ai envie de l’aimer-l’aider.
Deux lettres que je confond. Toujours.

J’oublie Margerie, épris de l’environnement, de l’écrit.

Le Navarre coule, les Bastos fument.
Maintenant quel événement ? Lola fait un tour d’Afrique avant de me rejoindre.

Le proxène se ressaisit, se force à rire.
Plouf. Sauf parfois.

Si Margerie m’appelle c’est “ oui, maintenant “.
Quand Lola est là “désolé, soirée prévue avec elle ! “
Mais elle n’appellera pas. Ailleurs ? Un autre ? Piotr ?
C’est écrit. Pourquoi pas ? Tranche de vie, façon coppa.

Demain, virer le guide. On veut du french kiss.

Mève. Je la verrai, demain, dans une semaine, un mois.

Plus de Navarre dans le stylo.

Les blondes bavent sur les deux hâlés qui ne les voient pas. Peut-être un déballage à nouveau ? Fric ou rire ?

L’alcool agite la place, l'éveille.

Les blondes remballent, les achats, les seins, ajustent les robes.

Elles marchent comme des canards.
La palme.

© 21/07/04 Bernard Lhoumeau


Réaction à chaud.

La chaleur m'envahit. L'émotion me paralyse.
La peur du désaccord, de son oubli.
Je vis, je suis tout au long du jour, non quand elle m'attend. Elle demande mon amour et le repousse. Elle me blesse par son silence. Le silence de ses mains.
Le silence de ses yeux.

Rien ne transparaît. La violence de la demande ferme. L'insistance tue.

Je m'abaisse à tout. J'avance dans l'eau, je me noie. La tête hors de l'eau, je bois la tasse.

Je veux la rendre heureuse. Je la tue de protection. J'absorbe son oxygène.

Le plaisir que je lui donne est sans retour, je me flagelle à chaque nuit. Je veux m'envoler avec elle. Vivre. Goûter. Jouir.

Je veux un bonheur de chaque instant.
Celui d'un regard, d'un souffle.

Son intérêt ne s'allume que pour mes caresses. Pourquoi doit-on le vivre. Il n'est pas affection, pas amour. Il n'existe pas seul.

Je veux tout parce que si peu. Je veux être.
De chair, d'os mais de sentiments, de ressentiments. Je ne comprends pas.
Rien.

Son absence, la joie de la retrouver puis la peur de la voir, et le mal-être par crainte de recevoir un refus.
De ne pas obtenir une attention, un désir.

Désir. Toucher. L'heure des caresses, on touche, obligée mais le minimum. " Oui, tu peux. "

Je peux. Je peux tout.
Je ne peux rien alors que je peux rien.
Pas du pouvoir, de l'autorisation.
Est-ce le moment pour s'approcher, sourire, parler. Parler vraiment, profondément. Jamais.
Rupture, esclave. Je ne suis pas.

Où est sa peur ? Mon amour, le poids de l'amour ?
Les tonnes de mon œil ?

Elle se dévêt, elle accepte mon regard.
Autosatisfaction.

Elle croît au désir, aux preuves.
Elle doit croire à l'amour, aux preuves.
Cadeaux, je suis occupé, trop pour que tu en sois l'objet, alors cadeaux, cadeaux tromperie.

Nous sommes de chair.

Le refus. Refus d'aide.

Tous les refus, toutes les aides.
Je n'existe pas, je ne sais rien.
Je ne peux que flagorner. Inventer.
Tout doit être vérifié, itinéraires, infos, …

Je meurs. Je ferme. Ma soif est étanchée.
Soif de vie, de voir, d'entendre, de partager.

Partager, participer, donner.

Elle a peur de perdre son âme, de se perdre,
de disparaître derrière moi, que je l'obscurcisse.
Folie.

Je désespère. J'attends. J'essaie d'aiguiller.

Peine perdue.

Ça ne l'empêche pas de penser à moi,
mais elle ne s'en souvient pas.

La plume libératrice, balivernes.

La plume qui creuse la tombe comme les années qui tombent chaque jour.

Aigris, bientôt mort.

Je crois, je crois en l'autre, je crois en moi.
Mais ce travail de destruction à grands coups de bélier quotidiens effrite mon espoir, ma vie, moi.

Elle me dépèce, me déprécie, m'ignore, me coupe, me découpe, me meurtrie.

Elle me combat.

Chaud-froid… froid… froid.

Besoin de pouvoir, d'exister en blessant par l'oubli. Absente, elle est absente.

" Que ce soit une histoire ", son attente.
Je ne le vivrais pas.
C'est pour moi avec quelqu'un. L'expérience, les expériences qu'elle a vécues.
Absence d'intérêt, de curiosité, d'affection, d'amour, d'ivresse partagé, absence de don,
absences.

Absence de plaisir, de le vouloir, de vouloir le donner.

Désintérêt. " Pourquoi s'attacher, s'atteler au plaisir de l'autre ? "

" Moi seule existe. "

Mais l'autre aussi.

Je pourrais l'embrasser une nuit, et un jour et une semaine.

Son cœur, son envie dit oui. Son corps dit non.
Acide jeté sur l'autre, sécrété sur l'autre.
" Oui, non, je te caresse, je te brûle.
Je t'embrasse, je te poignarde.
J'aime ta souffrance. Mais c'est pas moi ! "

Coup de fil, coup de couteau ! " 
Je suis invitée à dîner, je suis fatiguée… "

C'est fini.

© 06/03/04 Bernard Lhoumeau


pdfdes ob.

Obsession de son corps,
obier d'appels.

Obésité de mes désirs.
Observer ses désirs.

Obscurité de mon âme.
Obsolescence des sentiments.
Obversion de la masculinité pour
obtenir son essence.

Obscènes les sentiments,
oblation à sa chair,
obélisque d'albâtre,
obsesseur destructeur.

Objurguer mon mal.
Obéir pour mieux dés-
obéir à mon corps.

Obliquité des actions.
Obsécration pour la capter.

Observance de ses règles,
obstruer mes désirs pour l'-
obtention d'une demande
obsédante à mon état
oblatif,
objectal.

Obturer les quêtes, les attentes pour
obvier les rejets.

Obérer mon âme.

© 16/03/04 Bernard Lhoumeau


pdfInterdit

" Interdit de m'approcher
de toucher, de caresser. "

Interdit d'embrasser.
" Interdit de m'embrasser. "

Interdit d'approcher ses amis.
Interdit d'immiscer.
Interdit de découvrir, de partager, d'apprécier.

Interdit de toucher
d'aimer, d'humer.

Interdit, tout interdit sans appel.

Tout interdit avant,
tout interdit après.
" Tout interdit sauf quand je veux. "

© 14/03/04 Bernard Lhoumeau


pdfAsservi, je t'ai.

"Asservi, je t'ai. "

Assez ! Râle vif, je te hais !
Acerbe vit, j'ôtai.

" Assez ! " Revis-je tes
accès revifs joutés
à tes rêves : vit-jetée ?

" A servi ! "
Jeter.

© 16/03/04 Bernard Lhoumeau


pdfEt les " j ". ?

Élégi par le partage, le don de l'autre enrichit les flancs de l'être.

L'échange enfle l'envie de distribution.
Élève, décuple !

La beauté-bonté stabilise le flux.
Place. Adoucit. Réfléchit, déchiffre.

Douceur de la vague, transport vers le vrai, l'authentique qui hante.
Révélé par les profondeurs et les différences des âmes offertes.

Dépendance de l'intérêt.
Non obscurci.

Chaleurs portantes.
Caresses des mots.
Pénétration des yeux.
Cape d'idées.

Élévations, enrichissements, bonifications, multiplications des particules d'amour.

Émotions.

© 16/03/04 Bernard Lhoumeau